Bebop – Exercices de mouvement perpétuel

Le mouvement continu

Pour poursuivre la série d’articles sur le style Bebop, il me tiens à coeur de faire écho à un article web publié en 2013 par Jason Lyon (https://jasonlyonjazz.wordpress.com/2013/06/14/bebop-perpetual-motion-exercises/) qui présente le principe, dans ce style, du mouvement mélodique perpétuel en huit figures d’exercice.

Le mouvement perpétuel est l’idée selon laquelle, au sein d’un système, un mouvement est capable de durer indéfiniment. 

En Bebop, le caractère cyclique des progressions harmoniques utilisées, ainsi que les mouvements ascendants et descendants des phrases utilisées par les Bopeurs, rendent l’analogie appropriée.

Je reconnais que la connaissance de ses figures ma rapporté plus qu’il n’y paraît.

Cela a eu un tel impact sur mon jeu que je souhaite en faire profiter l’audience non-anglophone.

Avec l’autorisation de l’auteur, je reproduis de larges extraits de son article que pouvez retrouver en anglais par le lien suivant :

https://jasonlyonjazz.wordpress.com/2013/06/14/bebop-perpetual-motion-exercises/

À partir de chacune de ces figures je développe ensuite, tel que l’auteur le préconise, une série d’articles en conduisant une analyse détaillée pour une application pratique à la guitare Jazz.

Nota : les propos originaux de Jason Lyon sont retranscrits ici en écriture italique.

Exercices de style

Le Bebop est bien plus qu’un simple style particulier, c’est plutôt une sorte de grammaire du jazz moderne et les licks Bebop sont moins des clichés que des éléments essentiels du langage jazz.

Voici quelques exercices Bebop à pratiquer qui se répètent encore et encore avec un sens musical pour qu’ils fonctionnent dans le monde réel.

Des joueurs aussi divers que Chick Corea, McCoy Tyner, Cecil Taylor, Paul Bley et d’autres ont tous développé des styles originaux qui semblent très éloignés du son du Bebop. Mais si vous regardez de près ce qu’ils jouent, vous verrez qu’il est saturé de principes Bebop.

Il y a une bonne raison à cela. Les premiers joueurs de Bebop ont développé un système qui facilite l’improvisation de fortes lignes solos. Il n’y a rien d’arbitraire dans ce système, les ‘règles’ sont là pour de solides raisons logiques et musicales. 

Les éléments clés du Bebop sont :

  • 1 – Ajout constant de certaines notes de passage sur les gammes de sorte que les notes cibles des accords coïncident avec les temps forts.

 

  • 2 – Utilisation de manoeuvres d’encerclement pour retarder de façon créative l’arrivée sur une note donnée.

 

  • 3 – à travers la mesure les notes fortes des accords sont abordées en douceur par ton entier, demi-ton ou en étendant un arpège.

 

  • 4 – Équilibre entre l’utilisation des arpèges et des gammes.

 

  • 5 – Équilibre entre l’utilisation du mouvement ascendant et descendant.

 

  • 6 – Les notes font souvent plus d’un travail – par exemple, apparaître comme partie d’un arpège et aussi comme partie d’un d’encerclement étendu à suivre.

 

  • 7 – Les notes utilisées au point de changement entre les accords anticipent soit l’accord qui suit, soit travaillent sur les deux accords.

Les figures données ici sont composées de nombreux fragments différents, schémas de Bebop très communs et représentatifs, enchaînés et conçus pour se répéter sur deux mesures.

Ils correspondent aux grandes progressions II-V, II-V-V-I-VI et II-V-I-VI qui forment l’épine dorsale du jazz moderne.

Ces séquences d’accords se répètent souvent dans la musique vivante, il est donc naturel de boucler dessus lorsque vous pratiquez.

Le fait qu’il s’agisse d’exercices en ‘mouvement perpétuel’ devrait également vous aider à mieux tirer parti de votre temps de pratique en rendant le processus de répétition logique et musical.

Il est très efficace d’apprendre des fragments sous forme de lignes comme celles-ci.

Une fois que vous avez une figure de deux mesures sous les doigts, vous voudrez peut-être la répéter dans son entier.

Une approche beaucoup plus créative consiste à utiliser des fragments de la figure lorsque l’occasion l’exige.

Il sera également plus facile de lier les fragments de différentes manières si vous en avez pris l’habitude dès le début, grâce à quelques exemples.

Du rythme

Une autre clé de voûte de ce style est l’utilisation très active du rythme.

Alors que le Bebop est principalement un flot de croches, il est courant de mélanger les choses en utilisant des silences et des déplacements rythmiques.

Quelqu’un a dit un jour de Charlie Parker (j’ai oublié qui) que les rythmes qu’il jouait étaient si solides que n’importe quelle note aurait pu sonner correctement sur eux.

Voici quelques exemples spécifiques de dispositifs rythmiques et les acteurs qui y sont associés :

  • Utilisation de triolets et d’ornements de style classique à base de doubles croches (Parker)

 

  • Utilisation de triolets (Bill Evans – dont le style était plus influencé par le bebop que la plupart des gens ne le reconnaît).

 

  • Utilisation de groupes de notes impairs – 5 et 7 – pour insérer des idées élargies dans l’espace de deux des quatre temps (Dizzy Gillespie, plus tard Coltrane)

La prochaine fois que vous écouterez un bon solo de bebop, concentrez-vous sur les rythmes – c’est en fait assez facile de transcrire seulement les rythmes si vous ne vous souciez pas de la hauteur des notes, et cela vaut la peine de le faire pour élargir les possibilités rythmiques dans votre propre jeu.

suggestions pour votre pratique

1 – Pratiquez les figures en boucle sans s’arrêter, telles qu’elles sont écrites. Concentrez-vous sur ce qui se passe harmoniquement pendant que vous les jouez.

2 – Expérimentez en laissant de coté différentes notes pour en isoler des fragments internes et altérer le ressenti de l’ensemble de la figure. Enlever des notes et/ou comprimer des parties de figure en triolets est un bon moyen d’apporter plus de sophistication rythmique à votre jeu.

3 – Echanger des fragments entre les différentes figures, en modifiant de façon créative les rythmes pour les ajuster les uns aux autres.

4 – Enfin, improvisez librement sur les séquences d’accords, en cherchant à insérer des morceaux de figures pour lancer, prolonger ou terminer votre ligne.

D’ailleurs, il est préférable de commencer par bien assimiler ces lignes sur une tonalité, avant de les faire tourner sur le cycle des Quintes. Vous en aurez éventuellement besoin dans toutes les tonalités, mais vous pourrez les apprendre beaucoup plus rapidement si vous êtes complètement clair sur ce qui se passe d’abord sur une seule tonalité.

En un rien de temps, le langage Bebop commencera à apparaître naturellement dans vos solos. Si vous avez intériorisé le “pourquoi” aussi bien que le ” comment “, vous vous retrouverez bientôt à construire plus de lignes musicales en utilisant l’idiome Bebop.

Figures

Bebop perpetual motion figure #1

Les six premières notes sont un fragment bien connu qui utilise le segment de la gamme Bebop avec une note de passage. Les quatre suivants sont une version tronquée du même fragment, mais à un endroit différent dans la mesure. La ligne est prolongée en montant l’accord G7 en Tierces. Cette figure fonctionne également dans l’autre sens – les mesures peuvent être inversées des accords – (où le C# est optionnel).

 

Bebop perpetual motion figure #2

Variation de la première figure. Elle fonctionne également dans l’autre sens – les mesures peuvent être inversées des accords – (où le Do# est optionnel).

 

Bebop perpetual motion figure #3

Traitez la première note comme une anacrouse à une formule Bebop très courante qui consiste à baisser la fondamentale de Dm7 par demi-tons, en basculement avec la Quinte, pour approcher la Tierce de l’accord G7b9 qui suit. La ligne remonte ensuite la gamme diminuée en Tierces pour cadrer avec G7b9, descend la gamme sur deux notes, et se termine par une approche chromatique vers la séquence d’ouverture. N’importe laquelle des trois figures ci-dessus peut également trouver leur résolution vers C.

 

Bebop perpetual motion figure #4

Les trois premières notes sont un autre fragment courant qui encercle chromatiquement la fondamentale de l’accord Dm7. Ensuite, on monte la gamme qui convient à la fois à Dm7 et G7 avec un saut de note sur la fin. Le C n’a pas besoin d’être augmenté par rapport à l’accord G7.

 

Bebop perpetual motion figure #5

Utilisation d’une cellule mélodique descendante (5321) sur le Dm7, puis les quatre premières notes du fragment connu sur la gamme bebop sur le G7. Ceci mène doucement, vers le haut cette fois-ci, à la Septième Majeure de l’accord de C. Puis descente de l’arpège de CMa7 jusqu’à un basculement d’octave sur l’accord A7b9 entre sa Tierce et sa Neuvième. Les trois notes finales (Bb, G et G#) forment une approche chromatique étendue vers la Tierce de l’accord de Dm7 (A) par laquelle on a commencé.

 

Bebop perpetual motion figure #6

Encore le fragment courant de la gamme Bebop, avec les deux premières notes jouant le rôle d’une introduction, puis un encerclement chromatique étendu (G, F, D, D#) de la Tierce de l’accord de C. La ligne tombe alors à la fondamentale de C, puis anticipe l’accord A7b9 d’un temps avec sa Tierce et sa Quinte. Enfin jusqu’à la 7ème et la fondamentale de l’accord A7b9, pour revenir au pick-up.

 

 

Bebop perpetual motion figure #7

Les trois premières notes descendent la gamme de Dm7. Les quatre notes suivantes ignorent tout simplement l’accord G7 et forment une approche chromatique étendue de la quinte de l’accord de C. La ligne descend ensuite une cellule mélodique (5321) en C et monte en Tierces la gamme diminuée qui accompagne l’accord de A7b9.

 

 

Bebop perpetual motion figure #8

Un petit quelque chose en mineur. Les quatre premières notes montent jusqu’à la Septième de Dm7b5, puis les trois notes suivantes descendent la gamme diminuée qui va avec G7b9 ou G7alt. Le Ab et le F# forment un encerclement du G, qui est la quinte de l’accord de Cm qui suit. Puis une cellule mélodique (5321) en C mineur, qui se connecte naturellement avec une autre cellule mélodique (431) – très bluesy. Le Eb, le C et le C# forment alors un encerclement vers le D. Notez également que les quatre dernières notes de la deuxième mesure s’accordent avec Cm et A7alt (l’accord VI).

 

Acquisition des figures

Ces figures contiennent 11 mesures de ‘ii . V7’.

Pour relever le défi de leur mémorisation, je les trie par note de départ.

La note de départ s’exprime par rapport à l’accord de dominante.

Cette approche est très pratique et colle bien avec les situations de jeu.

fichier pdf

figures Bebop triées par note de départ.pdf

 

 

En cours de développement

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